Petite Persistance, 1 - 2008 vidéo couleur, son (diffusion en boucle)
Petite Persistance, 2 - 2008 vidéo couleur, son (diffusion en boucle)
Petite Persistance, 3 - 2008 vidéo couleur, son (diffusion en boucle)
Petite Persistance, 4 - 2009 vidéo couleur, son (diffusion en boucle)

Réminiscences 2, 2008 - 2009

Petites Persistances / Journal d'une manipulation.


Enfin je revoyais ces images Super 8, petites bandes enfouies dans un carton d'archivage. Bandes enroulées sur elles-mêmes rangées dans leur petit support-boîte, tout à fait ajustés, et tout à fait dans le noir de leur contenant / tout à fait dans le noir; bien protégées. Vague souvenir de ces images projetées de façon exceptionnelle, au gré du matériel, et au gré d'un projeteur compétent pour l'occasion.
Films courts, films de famille. Comme de petits éclairs de lumière, morceaux de bande, morceaux de temps seuls, comme de petites ruines d'un temps beaucoup plus long, d'un temps qui continue. Petits vestiges image-temps qui finissent par se figer tellement je m'en éloigne.
Pour beaucoup, pour beaucoup de ces morceaux de temps, je n'existais pas encore. Tout un morceau dont je n'ai pas les yeux. C'est peut-être l'absence de son qui laisse les paupières collées _ ces yeux-là n'ont pas encore vu la lumière. "Il y a si longtemps, (je n'entends plus), je n'entends rien, c'est trop loin".
Seul son, celui de la projeteuse, celui de la machine, et des manipulations: sortir la bande de sa boîte-étui, en trouver l'amorce blanche, l'engager dans la machine. Le voici le son qui soutient ces images, la machinerie, ce son qui dit en arrière et projette en avant. Un peu avant la fin de la projection de chaque bobine, la machine s'emballe, elle ne maintiendra/serrera bientôt plus la bande, celle-ci qui semble s'échapper/filer, ou bien peut-être alors, qui semble expulsée/chassée de/par la machine.


Je recommence_petits secrets dans le noir. L'amorce est blanche; abîmée, elle est parfois très courte, elle a été coupée à plusieurs reprises, je perds parfois quelques secondes, quelques images. Et voici qu' apparaît l'image sur cet écran qui vient la retenir; je tente une mise au point, (dès que la netteté semble se faire, je vais trop loin et retombe dans le flou.) l'image n'est jamais assez nette, et se "floute" si mon désir se fait trop grand. La bobine se déroule, quelques trois minutes au mieux. (Je n'oublie pas d'enregistrer, et appuie sur le bouton record de la camera, cela bien avant le départ de la projection.)

C'est une énigme. Segments temporels, morceaux de temps. Ils sont de/mes petites amnésies, mes familières inconnues. et je ne me résous pas à les mettre de côté comme différents éléments d'une construction, d'un déroulement, ils sont comme de petites ruines; ni début, ni fin, juste des apparitions, des dévoilements, ils se révèlent par le filtre de la lumière. Il me faut revenir, revoir _ voir à nouveau, décomposer ces images sourdes, en espérant y lire ce qui m'est inconnu.
Comme on grossit, ou passe à la loupe, j' extrais nombreux segments/morceaux de bande film; j'étudie, analyse leur structure, guettant d'une image à l'autre la moindre modification, le moindre mouvement de ses sujets filmés, l'événement / le phénomène. Je ralentie, étire, distends la durée de ces morceaux de temps, pour "mieux voir"; je duplique, superpose, opère des retours arrières / retourne en arrière, afin de mieux infiltrer l'épaisseur de l'image, l'émanciper de l'intérieur, au plus près de ses vibrations (/au plus proche de ce qui s'anime), à la recherche d'une voie de passage vers ce qui n'est pas filmé, l'envers ou l'avant, vers ce qui s'imagine au-delà, en arrière, ce qui est dans le noir de la mémoire, ou ce qui ne s'est peut-être pas mémorisé, ce qui ferait partie d'une mémoire imaginaire...

 

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